Deux familles se sont succédées au fil des siècles à la tête du château. La famille Sauvage de 1593 à 1788 a participé à la construction de la bâtisse et au rachat de parcelles. Puis, suite à un mariage, la famille Lur-Saluces a œuvré à la construction d’un chai et au classement en 1855, sous Napoleon III, à la plus haute distinction : 1er cru supérieur. Aujourd’hui encore, il s’agit du seul château possédant ce titre.
Plus de 400 ans d’histoire ont fait
le Château d’Yquem !
Au fil des années qui ont suivi ce classement, le château n’a cessé de produire ce qui constitue probablement le meilleur vin liquoreux du monde. Ce dernier était alors déjà vendu au XIXème siècle, à travers le monde pour se trouver sur les tables des Tsars de Russie, des chefs d’état américains, des empereurs japonais…
Ce vin liquoreux existe grâce au Botrytis cinerea. Cette pourriture dite «noble» apparaît sur les grappes lors de conditions climatiques bien précises. Les brouillards matinaux suivis d’après-midi ensoleillées et légèrement ventées sont le graal pour les vignerons du Sauternais. Le champignon peut alors se développer dans le vignoble. Son rôle est de puiser l’eau des baies pour y concentrer les arômes, le sucre et l’acidité…
Aujourd’hui la société LVMH est propriétaire de Château d’Yquem avec Pierre Lurton comme président, Sandrine Garbay comme maître de chai et Antoine Depierre comme chef de culture. Le château continue à perpétuer la philosophie d’excellence qui a fait la renommée de la maison.
Il n’existe malheureusement pas d’information sur ce millésime 1876 au Château. Difficile de savoir comment s’est passée cette année pour le domaine. Les archives
témoignent toutefois d’une période prospère pour le Château d’Yquem.
Un pied de vigne est nécessaire pour produire un verre de Château d’Yquem…
Quelques événements marquants de cette année comme l’invention du premier
téléphone utilisant l’électricité ou le début de la crise du Phylloxera (il s’agit ici peut-être de vignes encore pré-phylloxériques…) permettent de se replacer dans le contexte historique.
141 ans après la vendange du raisin, c’est avec une grande émotion que je me plonge dans ce nectar. Enfermé dans cette bouteille depuis plus d’un siècle, le vin est l’œuvre d’hommes, de femmes et du temps.
La couleur du vin est impressionnante. Avec le temps il a pris une teinte semblable à celle d’un café avec des reflets légèrement orangés.Après 24 heures d’ouverture, le premier nez est encore fermé. Il présente des notes minérales, un peu pétrolées, et de champignons. Avec un peu d’aération les senteurs évoluent sur le coing, les pralines et le nougat. Après une seconde aération on trouve des notes de mara des bois et de citron confit. Je le laisse respirer puis y retourne. Quelques minutes plus tard les arômes du Botrytis sont marquants avec cette odeur caractéristique de jus de viande.
“… après du Mozart, le silence qui
Frédéric Dard
succède est encore du Mozart. Après une gorgée d’Yquem, les instants qui suivent sont toujours d’Yquem.”
L’aération l’emmène sur des notes iodées avec une profondeur sur la truffe. La complexité du nez est sans fin…
En bouche la texture est splendide. A la fois riche et sapide grâce à une acidité et une fraîcheur encore incroyable pour son âge. Le vin surprend par un caractère de sous-bois, d’humus, et des notes un peu champignonneuses. En milieu de bouche on retrouve des légers arômes de torréfaction assimilables à des fèves de cacao et à des grains de café. La finale est sur des notes rôties, mais aussi de cuir, avec une sensation iodée. Cette note saline est surprenante et accompagne le vin au fil des Caudalies que l’on ne finit plus de compter…
Cette note saline est surprenante et accompagne le vin au fil des Caudalies que l’on ne finit plus de compter…
Yanna Delière