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Du 3 au 5 Mai 2019, le monde du vin avait les yeux rivés sur Aigle pour la 26ème édition du concours mondial de Bruxelles. Le temps d’un week-end, cette ville du Chablais s’est animée au rythme des dégustations. Réquisitionné pour l’événement, le Centre Mondial du Cyclisme a été investi par près de 350 dégustateurs, chargés de goûter et d’évaluer 9’150 vins, provenant de 46 pays. Après 26 ans d’existence, le concours mondial de Bruxelles est devenu un événement incontournable pour le classement des vins. Chaque vin est ainsi évalué sur la base de dégustations à l’aveugle, réalisées par plusieurs experts, avec pour objectifs les fameuses médailles de bronze, d’argent et surtout d’or.

La sommelière Nathalie Favre a fait partie du panel d’experts sélectionné pour cette édition. L’experte, diplômée d’un Brevet fédéral de sommellerie, participe le plus régulièrement possible à des concours de ce type dans toute l’Europe. Elle répond ici à nos questions et partage son expérience depuis les coulisses du concours mondiale de Bruxelles 2019 :

Nathalie Favre

Comment s’est déroulé ce marathon de la dégustation ?

« Un évènement comme celui-ci, c’est un énorme travail d’organisation. Chapeau aux organisateurs, car tout s’est déroulé dans les meilleures conditions possibles !

Les dégustations étaient prévues tous les matins à partir de 6h00 jusqu’à 13h00. Dès le premier jour, on a été réparti en groupes de cinq personnes, de cinq nationalités différentes. Un chef de table était ensuite désigné pour s’assurer du bon déroulement de la dégustation. Equipés d’une tablette avec la grille d’évaluation de l’OIV (Organisation Internationale du Vin), nous notions chaque jour une cinquantaine de vin sur une échelle de 100 points. Evidemment les dégustations se faisaient à l’aveugle ! »

Quel est ton avis sur l’utilisation de cette tablette ?

« Je remarque que la tablette est de plus en plus utilisée lors de ce type d’évènement et c’est un véritable atout. On peut choisir sa langue, ce qui permet d’être plus à l’aise, plus rapide et plus juste dans sa notation. Leur utilisation permet également de calculer au fur et à mesure la note finale que l’on donne au vin et à quelle médaille cela correspond. Enfin tout doit aller très vite et l’on n’a pas le droit à l’erreur alors pour la comptabilisation des points et le calcul des moyennes, c’est un outil indispensable. »

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Alors, quel(s) vin(s) t’a/ont marqué parmi les 150 références que tu as pu goûter ?

« J’ai été surprise d’avoir dégusté des vins de Turquie. Je ne connaissais pas du tout cette région viticole, c’était une belle découverte. J’ai également eu le plaisir de gouter une série de vins géorgiens. C’est difficile d’en trouver en Suisse, j’ai eu beaucoup de chance de pouvoir en déguster. »

Et pour la Suisse, comment était représentée la viticulture locale dans ce concours ?

« Les vins produits dans le pays-hôte sont toujours mis en avant. Lors de cette édition, 600 vins suisses étaient présentés, ce qui permet d’avoir un très bon aperçu de ce qui est produit. Les dégustateurs venant de l’étranger, avaient également un programme culturel très complet après les testing matinaux. Ils ont pu faire des master class, des dégustations et des visites de domaines. C’est important de mettre notre patrimoine viticole en avant auprès de tous ces professionnels, car nos vins restent encore peu connus au-delà de nos frontières. Un événement de cette envergure en Suisse permet une mise en lumière du vignoble helvétique, c’est une chance pour tous les producteurs. »

Concours mondiale de Bruxelles 2019

Qui étaient les dégustateurs présents ?

« Les dégustateurs sont souvent des journalistes professionnels ou des œnologues. Il y a quelques sommeliers, mais nous sommes minoritaires. L’origine des candidats dépend de l’origine des vins présentés au concours. Il y avait donc 46 nationalités différentes. La Suisse était quant à elle représentée par 50 personnes. »

Comment fais-tu pour rester concentrée et constante lors de la dégustation ?

« Il est impératif d’arriver reposée pour bien commencer. Au démarrage j’étais toujours un peu stressée parce qu’il faut être précis et juste pour chaque vin, et ceci dans un temps très limité.

Pour être constante, je garde toujours un « vin témoin » de côté durant la dégustation. Il s’agit d’un vin qui m’a particulièrement plu dans les premières séries dégustées. Je reviens dessus régulièrement pour voir si mon jugement change au fur et à mesure que je goute.
Les organisateurs vérifient également la constance des panels : ils glissent de temps à autres une bouteille à double et comparent les deux notes données. »

Qu’est ce qui te motive à participer à ces dégustations ?

« C’est une opportunité pour gouter un grand nombre de vins et découvrir des nouveaux vignobles. Pour travailler sa dégustation, il n’y a pas meilleure école puisque l’on peut échanger avec d’autres professionnels du vin, comme des œnologues. Ils ont une approche du vin qui est très différente de celle des sommeliers, c’est très enrichissant ! Enfin pour le réseau professionnel, c’est une chance unique de rencontrer un grand nombre de spécialistes du monde entier. »