À deux pas des chutes du Rhin le Domaine Besson-Strasser est une histoire d’amour : un couple, une famille, et une passion pour ces terres à Pinot noir… Cédric Besson présente sa région d’adoption à l’extrême nord de la Suisse. Des personnes, un domaine et des vins à découvrir absolument !
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Journal du Sommelier – #2 La Suisse
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Qui est est le Domaine Weingut Besson-Strasser ?
Je m’appelle Cédric Besson, ce qui n’est pas typique de la région mais ma femme s’appelle Nadine Strasser. Nous sommes tous les deux à la tête du Weingut (Domaine) Besson-Strasser. Il s’agit d’un petit domaine familial de 7 hectares dans le Weinland Zurichois, au bord des chûtes du Rhin.
Quelles sont les particularités viticoles du canton de Zurich ?
Le canton de Zurich était un des plus grands cantons viticoles de Suisse il y a une centaine d’année, donc il y a une vraie histoire viticole ici. Plus spécifiquement, le Weinland est la région avec le plus de vignes sur le canton. On n’y retrouve pas toutes les vignes d’un seul tenant : les 350 ha de la région sont assez dispatchés créant une belle biodiversité et un mélange entre les grandes cultures, la vigne et la culture fruitière.
Comment le Domaine Besson-Strasser est arrivé à la Biodynamie ?
La biodynamie est venue un peu toute seule. Nous avons repris le domaine en 2004, tous les deux et nous voulions faire quelque chose de différent, quelque chose pour nous. Nadine avait des problèmes de peau par rapport aux produits de synthèse et on a tout de suite voulu faire de la biodynamie. A l’époque, bien qu’on en parlait déjà, il n’y avait pas autant de littérature disponible qu’aujourd’hui sur le sujet. On s’y est intéressé, nous avons beaucoup lu, appris et grandis ensemble sur le sujet. En 2004, nous avons décidé de passer un premier hectare en biodynamie, juste à côté de notre cave. En 2009 l’ensemble du domaine était passé en biodynamie !
Le terroir du Weinland zurichois semble bien adapté au Pinot noir, non ?
Je pense que sur le Pinot noir en particulier, il n’y a pas UN terroir en particulier mais plutôt DES terroirs répartis dans le monde entier.
Moi qui viens du canton de Vaud, où le chasselas est roi, je dis souvent qu’on y est à 70% de chasselas pour 30% de cépages rouges. La Suisse alémanique est totalement inversée : 70% de Pinot noir pour 30% de blancs. Les terroirs suisses allemand sont les terroirs à Pinot noir à mon avis. Il s’agit moins d’une région donnée qu’une multitude de régions – Argovie, Bâle, Schaffhouse, Zurich, Thurgovie et ça finit dans les Grisons – qui nous offre plein de beaux Pinot Noirs.
La spécificité de notre région zurichoise : il s’agit d’une plaine creusée par 3 périodes glaciaires successives. Nous sommes sur des anciennes moraines glacières, donc des terres plus ou moins pentues, très sableuse, légère. Cela donne des Pinot noirs vraiment sur le fruit, assez léger, tout en finesse. A part ça, nous avons également 1 ha de vigne sur le canton de Schaffhouse, car nous sommes à deux pas de la frontière cantonale. La géologie y est totalement différente, plutôt argileuse. Nous avons donc essentiellement deux cuvées de Pinot noir : le Chlosterberg provenant d’une parcelle sur les sables du canton de Zurich, et l’Albi sur les argiles à Schaffhouse. Ce sont deux cuvées, deux identités différentes, qui mettent les chutes du Rhin au centre, comme cassure géologique. Grâce à cela, en 20 km de distance, nous avons deux géologies totalement différentes.
Peux tu nous parler du cépage Raüschling ?
On peut dire que le Raüschling est un cépage autochtone de la région zurichoise ! Il existe 23 ha dans le monde à ce jour, dont 19 ha à Zurich. Il vient originellement d’Allemagne, via le canton de Schaffhouse d’abord, et ne le trouve plus que sur le canton de Zurich. Il est ici depuis environ 500 ans. C’est un cépage blanc que je ne connaissais pas quand je suis arrivé ici. Je mets un point d’honneur à présenter ce cépage car c’est vraiment un cépage identitaire de notre région. C’est un magnifique cépage avec une belle acidité que l’on peut vinifier de pleins de façons différentes. C’est un cépage qui reflète magnifiquement la région. Les vins vieillissent très très bien, de part son acidité.
Quelles est l’histoire viticole de la région de Zurich ?
Je pense que la vigne a toujours été dans la région. Il s’agit avant tout d’une région de paysan-viticulteur qui avait des animaux, des grandes cultures et des vignes. Beaucoup de gens ont une vigne ici presque comme un hobby, qu’ils vont chouchouter le weekend et en famille.
Ca a commencé à se professionnaliser depuis une vingtaine d’année. Il y avait surtout des vignerons qui livraient à des caves coopératives (3 ou 4 dans la région) mais il y a désormais de plus en plus de vigneron-encaveurs qui reprennent des vignes. Il y a d’ailleurs des vignes à reprendre dans la région ! On est assis sur un trésor et je pense qu’on n’as pas encore saisi la valeur de ce trésor. Quand la jeune génération aura saisi cela, la Suisse alémanique aura un très bel avenir.
Est-ce que vos vins s’exportent bien ?
On exporte un peu, environ 5% de la production. Ce n’est pas un but en soi, d’autant plus qu’étant un domaine familial nous n’avons pas forcément le volume. Nous travaillons surtout avec les pays limitrophes mais j’ai moins envie d’aller exporter à l’autre bout de la planète pour des questions de cohérence avec notre démarche. On a une belle clientèle en Suisse et nous pouvons déjà y montrer ce qu’on sait faire. Par ailleurs, la Suisse reste un pays de tourisme et il y a quelque chose à faire à ce niveau là. Evidement l’export est important, pour faire connaitre les vins suisses en général à l’étranger.
Quelle est ta définition du vignoble suisse ?
C’est difficile ! Je dirais qu’il s’agit d’un patchwork magnifique, avec de nombreux vignerons passionnés. J’ai l’impression qu’il y a un éveil incroyable en Suisse, avec plein de jeunes qui sont vraiment professionnels, reviennent de l’étranger avec leur savoir. J’ai l’impression qu’il y a plus d’ouverture : on discute tous beaucoup plus qu’avant. De fil en aiguille, je pense que le vigneron suisse est fier de ses vins et peut montrer au monde la qualité de son travail. La Suisse c’est aussi beaucoup de diversité en terme de cépage !
As-tu des recommandations de vignerons suisses ?
Dans la région, je citerais Urs Pircher (Eglisau, Zurich) qui est vraiment un classique pour lequel j’ai beaucoup de respect. Autour du Lac de Zurich: Turmgut Wein, Weingut Erich Meier, Weinbau Schwarzenbach… Si je vais un peu plus loin, Tom Litwan en Argovie qui est un bon copain, les Obrecht dans les Grisons. En Romandie, La Colombe, les Cruchon…